“Building Body/Building Identity” s’articule autour du corps non seulement comme vecteur d’identité et supports des rites sociaux mais aussi comme réceptacle et témoin de l’imagerie contemporaine.Le corps, en tant qu’interface entre l’individu et la société, est le lieu où se rencontrent, se cristallisent et parfois entrent en friction le ‘jeu’ social et le ‘je’ identitaire. A travers des installations réifiant et esthétisant des réflexions sociologiques sur les liens entre la construction d’un corps et la construction d’identité(s), les œuvres des 3 jeunes artistes se parlent. Elles font état des mêmes préoccupations, utilisent le même support (l’installation) et un langage plastique similaire – une esthétique frontale et explicite où souvent les artistes mettent en scène leur propre corps, accroissant par-là la subjectivité de leur propos.

Il s’agit ici aussi de montrer 3 artistes illustrant une jeune création est-européenne en pleine ébullition. Pertinente dans ses propositions, elle mérite d’être vue et montrée pour elle-même, au-delà de son exotisme supposé, pour les questions qu’elles posent et l’esthétique qu’elle propose.

Ciprian Homorodean (Roumanie) - Golden Grenade Awards, 2005
Cette installation, au-delà de son actualité, questionne le phénomène médiatique du terrorisme, qui à la fois ‘starise’ les terroristes et créé une société de l’angoisse permanente. Golden Grenade Awards ne montre pas directement des corps mais les évoquent par les images qui se cachent derrière le terrorisme et qui font partie désormais de la mémoire visuelle collective : la mutilation, la chair déchiquetée, la mort.

Maja Radanovic (Serbie) - Hand/onism, 2005
Hand/onism confronte une série de gestes socialement inconvenants à une prothèse orthopédique censée, par superposition mais aussi par disparition du corps réel, inculquer la bienséance et les codes gestuels de la ‘bonne éducation.’ Mais ces gestes déplacés sont aussi identitaires et peuvent se comprendre comme un langage corporel pour protester contre des schèmes d’intégration et des modèles de convenance coercitifs. La seconde série de photographies est une mise en image du mode d’emploi ou bien plutôt du résultat que l’on peut escompter du port de cette prothèse utilisée plus comme un outil de rectification que comme un ‘corps pastiche’.

Predrag Miladinovic (Serbie) - Personal Rituals, 2004
Personal Rituals nous propose une mise en abîme de notre image quotidienne, celle offerte par le miroir du matin, devant lequel chacun d’entre nous effectue ses rites toilette avant de sortir de la sphère privée pour pénétrer la sphère publique. Ici, l’intime devient public et le public, en position de voyeur, surprend ces doubles qui pourraient être les siens.