Guide de Mongolie
Svetislav Basara
Les Allusifs
Ce livre débute à la sortie d’un cimetière. Après avoir enterré un ami qui s’est suicidé, l’auteur rallie, à grandes enjambées et en compagnie d’un pope assoiffé, le café le plus proche. Suivent plusieurs tournées de rhum entrecoupées de propos plus ou moins philosophiques autour de la mort, de l’au-delà et de leurs à côtés.
N’empêche que c’est un mort (tout mort qu’il était ses lettres continuaient de parvenir à leurs destinataires) celui-là même qui a décidé de mettre fin à ses jours, qui va dicter à l’écrivain ce qu’il attend de lui : se rendre à sa place en Mongolie où une revue lui a récemment demandé de se transporter afin d’écrire "un guide, ou plutôt un grand reportage sur ce pays perdu du bout du monde."
L’idée de quitter, ne serait-ce que par l’écriture, son pays "merdique", l’idée de partir est si séduisante qu’avant même d’avoir fini de déchirer la lettre posthume sa décision est prise. Inutile de contredire la volonté d’un défunt. Cap donc sur la Mongolie, ses steppes, ses chameaux, ses galops, ses yourtes, ses chants tristes et ses montagnes pour voir si ce que décrivent les clichés est bien exact.
D’autres surprises l’attendent, notamment au bar de l’hôtel Gengis Khan où la vodka coule à flot et où se côtoient un évêque hollandais, un ex-officier russe devenu lama, un mort-vivant français, un journaliste américain et un psychanalyste italien , tous solitaires, tenant colloque sous le regard de Charlotte Rampling qui boit un cappuccino en feuilletant le Times.
Ce jour-là on brûle une sorcière (qui n’en est sans doute pas une). Après quoi, tous se rendent au bistro "Etoile d’Orient", dans un quartier chic de la capitale. Les étonnements du reporter en herbe se multiplient. Parfois la nuit oublie de tomber, le jour dure alors deux jours. L’alcool reste souvent le seul refuge pour échapper au rêve et à la réalité, les deux étant ici étroitement liés.
En fin de compte, le guide n’existera pas. De la Mongolie, il ne verra rien. Et rien non plus des mongols. L’essentiel est ailleurs.
"un type capable de supporter toute la misère du monde sans drogue ou sans alcool est certainement dépourvu d’âme."
Ce récit est un conte philosophique traversé d’humour, d’extravagances et d’autodérision. Il est également décapant, féroce et tout entier placé sous le signe d’un imaginaire qui ne faiblit jamais, impertinent et absurde. Ce récit m’a beaucoup fait penser aux Films de Kusturica.
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