SHRAPNELS, EN MARGE DE BAGDAD/ Elisabeth HOREM - Editions Bernard Campiche (2005)
Drôle de vie quotidienne à Bagdad
La romancière française et suisse a rejoint son mari diplomate en poste à Bagdad. Avec une douceur implacable, elle décrit dans Shrapnels l’existence quasi cloîtrée qu’elle y mène depuis une année, sous la menace quotidienne des attentats.
Une année d’existence en marge de Bagdad. Une année d’observation, de vie malgré tout, malgré la violence, malgré la peur. Une vie faite de choses minuscules, d’espoirs, de découragements et des saisons qui passent... Elisabeth Horem n’a pas écrit un reportage. Il ne s’agit pas non plus d’un journal, mais de la transcription de ce qu’elle a vu et entendu, de ce qu’elle a pu ressentir.
Au début de ce récit à la troisième personne, la narratrice prend l’habitude de nager chaque matin dans sa piscine, avec obstination, pour compenser l’absence de tout autre exercice physique. Elle pourrait se croire seule si elle ne savait pas qu’un des gardes est sur le toit pour surveiller les terrasses avoisinantes.
Les CPO (Close Protection Officers) agents de protection, elle les a vu découper et coller des feuilles en plastique transparent sur chaque carreau des fenêtres de la maison, pour éviter les blessures par éclats de verre en cas d’attentat. Ils lui apprendront plus tard à repérer la chute d’une grenade, à s’éloigner de quatre grands pas et à se jeter à terre dans l’axe de la grenade, coudes au corps, en se bouchant les oreilles et en ouvrant la bouche.
Elle occupe ses journées, à lire, à écrire, à tirer le portrait de son entourage, gardes compris, et à travailler dans son laboratoire photo.
Avant que les attentats et les enlèvements ne deviennent monnaie courante, elle et lui (son mari) sortent parfois pour se rendre à une invitation, à la nuit tombante, dans leur voiture blindée et climatisée, toujours accompagnés de leurs gardes armés. Ils vont manger du poisson grillé chez un peintre-galeriste qui s’improvise restaurateur une fois par semaine, assister à une soirée poétique (où elle est la seule femme), acheter un bouquet de roses, un yucca, un kilim ou des éclairs au chocolat, et c’est chaque fois une aventure. Ils font également une excursion à Babylone, dans une zone militaire sous commandement polonais, et un voyage en Syrie au retour duquel ils apprennent que deux de leurs compatriotes, en panne au bord de la route, ont été abattus à bout portant d’une voiture.
Le cercle de leurs relations se rétrécit, car ceux qui le peuvent quittent le pays. La violence gagne, aveugle ou ciblée : on tire sur les paraboles des satellites et sur les magasins de disques, on tue les médecins, les intellectuels, les artistes, les ingénieurs, les barbiers. Et quand Farida, la cuisinière se réjouit de ce que la peine de mort soit rétablie pour punir "ses sauvages", elle ne proteste plus.
Mais elle écoute aussi le jardinier lui dire que si les gens disparaissent, les plantes continuent de pousser, et qu’on aura toujours besoin de quelqu’un pour s’en occuper.
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